Notre mission : « Accompagner le vieillissement : Soigner, Accueillir, Restaurer , Animer, Aider, Héberger », ce que nous désignons par l'acronyme SARAAH. C'est l'ensemble de SARAAH qui est certifié ISO 9001.

Vie Associative

Les fondements

On ne saurait aborder la maison Saint Joseph et l'Association Galibert-Ferret sans évoquer l'impact de la nature associative sans but lucratif de cet établissement et son histoire locale. Il s'agit d'une association loi de 1901 sans but lucratif.

A  la fin du 19° siècle, de généreux bienfaiteurs se sont engagés en faveur des plus démunis, par attachement à ce territoire du sud du Tarn, caractérisé par la présence d'importantes entreprises textiles et par le triomphe de l'industrie du délainage. La Maison Saint Joseph de l'Association Galibert-Ferret eut une existence officielle en 1924, par la déclaration qui en fut faite auprès de la Préfecture. C'est un héritage précieux. Les fondateurs de l'époque ont montré que l'histoire n'était pas écrite et qu'il nous appartient de lui donner sens. C'est assurément un devoir, et celui-ci suppose un engagement actif tendant à l'orienter en direction du progrès. Le progrès ne doit pas être considéré comme une fatalité, mais comme un idéal moral assigné à notre liberté conditionnée par les différentes époques. Cet idéal, cet engagement moral actif porté par les premiers membres de la maison Saint Joseph, se sont réalisés dans le souci de secourir les plus défavorisés. Certes, l'Association Galibert-Ferret n'était pas seule à construire et inciter des actions auparavant désignées comme « oeuvres d’hospitalisation, cliniques, maisons de convalescence ou oeuvres de formation, d'hébergement et d'éducation d'enfants et jeunes filles ». Mais, fidèle à sa culture entrepreneuriale solidement établie, attachée à cette terre du sud du Tarn, sensible à la vulnérabilité de l'être humain, l'Association Galibert-Ferret souhaitait déjà affirmer quelques principes qui gouvernent encore son existence : la sollicitude pour les plus démunis, la liberté d'entreprendre localement et de s'associer, l'intérêt de la diversité dans la mise en oeuvre des politiques publiques et des actions de charité, personne n'ayant le monopole du coeur...

En 1924, Madame Galibert-Ferret fait don à l'association du même nom d'un ensemble immobilier permettant à la Congrégation des Soeurs de Gethsemani d'oeuvrer pour les plus démunis. L'association est déclarée officiellement à cette même date, sous le régime de la Loi 1901, sans but lucratif. Telles sont les grandes lignes de cette histoire, caractérisée par l'initiative d'acteurs du secteur économique, affirmant leur droit d'entreprendre, manifestant leur attachement au sud du Tarn et leur sensibilité à la vulnérabilité de l'être humain, s'appuyant sur la Congrégation des Soeurs de Gethsemani, le bénévolat, les dons, et sur le « fait associatif ».

En 2009, le contexte a naturellement changé et un tour d'horizon s'impose. Voyons d'abord ce que l'on appelle aujourd'hui le « fait associatif », c'est à dire le fait de pouvoir se regrouper selon les règles de la Loi du 1° juillet 1901 relative au contrat d'association. Historiquement, le « fait associatif » en tant que groupement de personnes a existé dès l'Antiquité. C'est ainsi que des fonds de secours avaient été institués en Egypte puis en Grèce, pour venir en aide aux ouvriers, plus particulièrement pour organiser leurs obsèques. Sous l'Empire Romain, ces fonds de secours devaient être autorisés, et la création sans autorisation était sanctionnée de sévères pénalités. C'est donc pratiquement dès l'origine que la liberté d'association fut soumise à un contrôle du pouvoir. Cette liberté fut maintes fois remise en cause. Les groupements continuaient à inquiéter car ils pouvaient se montrer rivaux des pouvoirs politiques en place. C'est pourquoi la genèse de la Loi 1901 fut si longue. Postérieurement à cette date, de nombreux exemples sont cités pour démontrer la tendance à limiter ce droit : 1936 (Loi de dissolution des groupes de combats et milices, 1939 autorisation préalable des associations dirigés par des étrangers, lois particulières du régime de Vichy qui interdisent des associations en fonction de la qualité de leurs membres (juifs, communistes, anciens combattants) ou de leurs projets. Ni la constitution de 1946, ni celle de 1958 ne mentionnent expressément la liberté d'association au sein des libertés garanties. Il a fallu l'intervention du Conseil Constitutionnel, anticipant la ratification par la France de la convention européenne des droits de l'homme (décision du 16 juillet 1971) pour déclarer officiellement ce droit comme fondamentalement reconnu par la République. Ainsi, cette liberté politique, en fait assez récente, semble un bien précieux.

Elle a permis aux fondateurs de l'Association Galibert-Ferret de manifester leur volonté d'entreprendre et d'agir pour les plus démunis, d'exprimer leur sensibilité à la vulnérabilité de l'être humain, leur attachement à un territoire dont ils ont ainsi influencé l'avenir. Ils ont successivement participé, aux cotés de la Congrégation des Soeurs de Gethsemani, à de nombreuses entreprises parmi lesquelles on peut citer un orphelinat, une école, une maternité, un foyer d'accueil, et le dispensaire Saint-Joseph. Ce dernier qui assurait avec largesse des soins médicaux se transforma peu à peu, (grâce à l'apport de plusieurs immeubles par Madame Galibert-Ferret) en Polyclinique puis en Maison de Retraite médicalisée. Certes, le législateur avait admis pour les associations « Loi 1901 » une certaine activité économique mais dont le rôle était auxiliaire ou complémentaire de services publics, tel un contre-pouvoir économique (association de locataires, de consommateurs, d'actionnaires). Il n'avait pas envisagé que les associations deviennent des acteurs directs de la vie économique, distribuant des biens et services à ses membres mais aussi à des personnes extérieures, dans les conditions de celles du marché. Cependant, « à s'en tenir aux seules entreprises associatives, on observera qu'elles conservent une certaine particularité : il n'y a pas d'apport en capital, le nombre de voix aux assemblées n'est pas réparti en fonction des apports, le partage des bénéfices entre les membres est toujours impossible ». De plus, l'association peut permettre à des acteurs locaux de rester « auteurs et acteurs » sur leur territoire de vie. La convergence des regards sur le « fait associatif » n'est pas aujourd'hui atteinte, et le contexte européen participe à cet état de fait. Certains s'interrogent et voient dans le fait associatif gérant des établissements et services médico-sociaux, le prolongement du service public, mais bénéficiant d'une certaine indépendance et souplesse de gestion. D'autres les considèrent comme des entreprises ayant la spécificité d'une « clientèle » constituée par un public en difficulté qu'il faut à la fois protéger et accompagner. Enfin, ceux qui « pratiquent » y voient un espace où il est possible de faire des dons financiers ou en nature, ou de simplement donner un peu de leur temps, tout en ayant la garantie que ces dons ne pourront pas (grâce aux contraintes du statut associatif sans but lucratif) servir un autre intérêt.

Concernant ce débat, il est nécessaire de rappeler qu'il y a deux siècles, l'économie marchande ne représentait alors qu'un circuit très secondaire, presque entièrement réservé aux classes sociales privilégiées. Elles seules disposaient d'assez d'argent pour acheter le produit du travail des artisans. La production de l'époque se perdait dans l'autoconsommation des familles ou du village, constituant la vie matérielle, à distinguer de la vie économique, celle qui résulte d'échanges, ponctuels ou habituels, isolés ou organisés, dans les foires et les boutiques. Hier, comme aujourd'hui, les sociétés traditionnelles, même pauvres, ne se maintiennent que grâce à la prédominance du collectif sur l'individuel, du social (y compris le religieux) sur l'économique, du don sur l'échange, de la coutume sur l'intérêt. Dans les sociétés dites modernes, les relations non marchandes sont encore très importantes. L'histoire témoigne que l'évolution vers le « marché » n'allait pas de soi et comportait des risques. Historiquement, laisser davantage de place au marché risquait de distendre, voire de rompre, ces liens au profit des biens, et d'introduire une logique individuelle là où prévalait une logique collective. C'était donc prendre le risque de mettre en péril la cohérence de la société elle-même, sa capacité de faire face aux épreuves. Nous pourrions dire que c'est de l'histoire ancienne, et que les relations marchandes auraient maintenant un rôle principal dans les sociétés contemporaines. Selon certains ce serait une erreur. Certes le marché joue un rôle central aujourd'hui, au moins dans la partie du monde qui se dit développée, mais dominant ne signifie pas unique. L'économiste hongrois Polanyi faisait remarquer que toute société humaine relève, à coté du principe de l'intérêt (qui débouche sur le marché), de deux autres principes d'organisation : celui de la redistribution et celui de la réciprocité. La « redistribution » relève du pouvoir politique, la « réciprocité » relève des relations privées. La première est assurée à travers des règles en général contraignantes ; la seconde est produite par un réseau croisé de liens personnels, qui se traduisent par des dons croisés. Or, la redistribution a pris une importance inégalée dans les sociétés contemporaines, que ce soit à travers la protection sociale ou par l'accès aux biens collectifs. Une part importante de la croissance des économies développées depuis des siècles est liée à l'entrée dans la sphère de l'économie monétaire de fonctions qui n'en relevaient pas dans les sociétés traditionnelles. Mais cette entrée dans l'économie monétaire s'est faite souvent sur une base non marchande : c'est le cas particulier de la santé, et de l'éducation, ou encore de la prise en charge des personnes âgées qui cessent de travailler. Quant au don, nos sociétés marchandes l'ont en apparence marginalisé. L'essayiste québécois Jacques Godbout et le sociologue Alain Caillé ont montré à quel point cette forme de lien constitue une donnée fondamentale de l'existence humaine dans nos sociétés contemporaines : relation de voisinage, cadeaux de fêtes ou d'anniversaire, don du sang, bénévolat... contribuent à tisser des liens sociaux basés sur la réciprocité. Il ne s'agit pas d'un échange comme le prétendent certains : certes, il faut rendre, mais aucune règle ne détermine la nature ou l'ampleur du « contredon » et aucun délai n'est fixé. D'autant plus que si le paiement marque la fin de l'échange marchand, le « contredon » ne clôt pas la relation, il l'entretient et la fait durer.

Ces quelques lignes décrivent un aspect essentiel de l'héritage de l'Association Galibert-Ferret. Il est nécessaire de le garder à l'esprit lorsque l'on approche les réalisations et les activités de l'association Galibert-Ferret.

En définitive, l'Association Galibert-Ferret, et ses réalisations, sont à l'intersection du monde marchand (le marché), du monde des services publics accompagnant les publics à protéger (redistribution), du monde des bénévoles, particulièrement sensibles à celui qui est aujourd'hui en difficulté (réciprocité) à cause de la maladie, d'un événement dramatique, de l'âge, de sa situation sociale etc....

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